Alcool / Tabac
Collection Christophe Lucand
Que ce soit sur les cartes postales, sur les affiches publicitaires ou encore dans les chansons, l’alcool est présent dans le quotidien des Français durant la Grande guerre. Il est même considéré comme un acteur décisif dans la victoire des Français, leur permettant de garder le moral.
Historial de Peronne
En 1914, le marché vinicole est saturé. La France réquisitionne 1/3 de sa production nationale pour son armée ( ~10 à 15 millions d'hectolitres de vin). En effet un poilu reçoit quotidiennement 25 cl de vin en 1914, et cette consommation augmente jusqu’à devenir 75 cl offerts par jour en 1918. Le vin est tellement important que des réseaux de transports lui sont spécialement réservés tels que les « Wagons-foudre » ou encore les « Cargo-Pinardiers »
L’engouement que représente le marché des boissons alcoolisées attire donc de nombreuses personnes, au détriment d’une certaine la légalité des transactions. C’est à côté des fronts et des gares où l’on va alors très vite retrouver de nombreux marchands de boissons. Mais la réputation du vin devint si bonne que de plus en plus de civils se transformèrent en marchands de vin. Le sénateur Lebert dit alors dans un de ses rapports « Tout le monde est marchand de vin dans la zone des Armées, les agriculteurs désertant la terre pour tenir débit, et certain notaire qu’on nous a nommément désigné fait, presque sans voiler ses panonceaux, de grosses affaires de liquides. »De plus ces commerces de fortunes vendent parfois des vins d’une qualité douteuse.
Le vin est même utilisé en tant qu’outil de propagande. En effet le pinard est devenu la boisson patriotique, c’est le « pinard tricolore ». Le pinard fait opposition entre le schnaps, boisson alcoolisée des Allemands, de très mauvaise qualité. De nombreux officiers et généraux sont alors là pour vanter les bienfaits de l’alcool. Le maréchal Pétain a ainsi après la guerre, exprimé « ses remerciements au vin de France sans lequel il n’aurait jamais pu remporter la guerre. »
« Si vous me demandez ce dont nous avons besoin pour gagner cette guerre ; je répond du tabac autant que des balles » (John Pershing) L’industrie du tabac s’est très nettement développée durant la Grande Guerre notamment grâce à la démocratisation de la cigarette. En effet, la pipe a montré ses limites d’utilisation. Les conditions difficiles au sein des tranchées : le « climat » froid et humide ne facilitait pas l’usage de la pipe.
L’utilisateur de la pipe devait garder sa ration de tabac au sec et devait souvent rallumer sa pipe, ce qui pouvait être gênant voire dangereux car cela pouvait alerter l’ennemi la nuit. De ce fait, la cigarette a rapidement trouvé sa place dans les tranchées. Elle était plus pratique, plus rapide à fumer (ce qui est important pour un soldat amené à se déplacer sous le feu ennemi). Aussi, les cigarettes faisaient partie des rations des soldats et les compagnies de tabac incitaient les familles et les organismes sociaux à envoyer des cigarettes aux soldats. Les compagnies de tabac se sont livré une lutte acharnée pour réussir à avoir des parts de marché conséquentes en développant des techniques de marketing très utilisées par la suite.