Le développement des ordinateurs, et plus généralement des outils numériques, a créé un nouveau trouble psychologique ; le trouble de dépendance à Internet.
D’après Eric Sadin, philosophe et écrivain, les réseaux sociaux ont créé l’inverse de ce qui était attendu. En effet, ces applications ont amené à « l’isolement collectif » et à une impression de « centralité de soi ». Nous pouvons prendre l’exemple de Twitter, qui donne une sensation de « primauté de soi et [qui] acte le postulat du triomphe de la parole sur l’action ». En résumé, Twitter crée l’illusion que notre voix et nos idées valent mieux que celles des autres. Nous pouvons aussi citer Instagram, qu’Eric Sadin voit comme « l’ultime plateforme dédiée à l’affichage de soi ». Il va même jusqu’à qualifier l’instagrameur « d’homme-sandwich », du fait de la monétisation continue de sa personne que lui permet Instagram.
Un rapport de l’Ined et l’Inserm sur le temps passé par les petits devant les écrans est sorti début avril 2023. Nous y apprenons que ce temps passé par les enfants a augmenté ces dernières années et excèdent même les recommandations sanitaires de l’OMS. Pour réaliser cette étude, les deux instituts ont suivi, et compte continuer sur sept ans encore, 18 000 enfants nés en 2011. Grâce à ses études, nous pouvons voir que le temps d’écran quotidien est de 56 minutes à l’âge de deux ans, 1h20 à trois ans et demi, et 1h45 à cinq ans et demi. Des moyennes bien au-delà des recommandations de l’OMS qui préconise aucune exposition aux écrans en dessous de deux ans, et seulement une heure par jour entre deux et cinq ans. Malheureusement, ces préconisations ne sont suivies que par 13,7 % des parents sondés dans le cadre de l’étude. L’écran le plus vu par les enfants est la télévision, bien qu’elle tende à diminuer au fur et à mesure que les enfants grandissent, en général vers trois ans et demi. Pour autant, cela ne veut pas dire que ce temps diminue avec l’âge ; au contraire, il augmente.
Lors de cette étude, il a été remarqué que le niveau d’étude de la mère ainsi que son origine sont des facteurs déterminants dans la durée de visionnage d’écran des enfants. En effet, il a été remarqué que les enfants dont la mère a un niveau d’étude collège passent 45 minutes de plus à deux ans et 1h15 à cinq ans et demi que des enfants dont la mère à un niveau d’étude bac +5. De plus, les enfants dont la mère est née au Maghreb, en Turquie ou en Afrique subsaharienne passent 30 à 50 minutes de plus sur les écrans que les enfants dont la mère est née en France.
Malgré tout, une certaine prise de conscience est à noter chez les enfants de onze et douze ans, qui sont pourtant souvent déjà sur les réseaux sociaux alors que la limite minimale est de treize ans. En effet, 25 % trouvent qu’ils passent trop de temps sur leurs téléphones, un chiffre en hausse, et 19 % trouvent que leurs parents passent trop de temps sur leurs cellulaires. De plus, nous pouvons observer une prudence quant à l’exploitation de leurs données personnelles et à la protection de leur vie privée car 80 % maintiennent leurs comptes privés sur les réseaux sociaux et 52 % savent que leurs parents les géocalisent. Les réseaux sociaux surfent donc entre illégalité et acquisition d’audience. Pour finir, il a été vu que les gens ne changent pas de plateforme avec l’âge, ils vieillissent avec et la font évoluer, Facebook étant un très bon exemple de ce processus.